Le numérique peut-il être responsable, scribe ?

Dans le vaste royaume du numérique, entre octets déchaînés et sites surchargés, une question brûle les lèvres de notre druide : "Le numérique peut-il être responsable, scribe ?"

photo d'Otis pendant sa tirade dans Astérix et Obélix Mission Cléopâtre

Mais, vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bon ou de mauvais numérique. Moi, si je devais résumer ma démarche pour un numérique responsable aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres, des échanges avec des personnes qui m’ont ouvert les yeux, peut-être à un moment où je ne réalisais pas l’impact de mes choix, où je scrollais sans vraiment voir, perdu dans un océan de pixels et d'écrans lumineux.

C'est fascinant, n'est-ce pas ? De se dire que les petits gestes, les bonnes pratiques, forgent une envie de faire mieux, une envie de faire autrement et sont les piliers fondateurs d'une transition. Parce que, quand on a le goût du détail, du code bien écrit, parfois on ne trouve pas immédiatement les personnes ou les outils pour bien avancer. Je dis donc merci à ces référentiels, je leur dis merci, je chante l’éco-conception, je danse l’accessibilité numérique… Je ne suis qu’espoir !

Et finalement, quand beaucoup de gens, aujourd’hui, me disent "Mais comment fais-tu pour garder cette énergie, cette humanité ?", et bien je leur réponds très simplement, je leur dis que c’est ce goût de l'impact positif, ce goût du service numérique bien fait, qui m’a poussé aujourd’hui à aller vers la sobriété, à concevoir sans design trompeur, à inclure les personnes en situation de handicap, et qui me poussera demain, qui sait, à me mettre encore plus au service de la communauté numérique, à faire le don, le don d’un web plus responsable…

Acte un : léger comme une plume, rapide comme Obélix au buffet

  • Scribe, qu’as-tu fait de ce site ? Pourquoi pèse-t-il autant qu’un menhir ?
  • Je voulais impressionner avec des animations flamboyantes et des vidéos 4K en autoplay… Mais ça rame !
  • Laisse-moi t’enseigner l’art de l'éco-conception, car un site responsable est un site qui respecte la planète. »

L’éco-conception, ce n’est pas une option, c’est une nécessité. En appliquant les 115 bonnes pratiques d'éco-conception web du Green IT ou le RGESN (Référentiel Général d’Éco-conception des Services Numériques), on apprend à réduire l’impact environnemental dès les premières étapes du projet​​. Il faudrait intégrer ces critères dans tout le cycle de vie du projet afin qu'ils soient mis en oeuvre et testés régulièrement.

Voici quelques conseils faciles à mettre en oeuvre qui ont un grand impact (liste non exhaustive) :

Questionner les besoins, c’est poser la question essentielle

"Est-ce que cette fonctionnalité est vraiment nécessaire ?" Dans un monde numérique en constante expansion, il est facile de se laisser emporter par l’ajout de fonctionnalités superflues ou de solutions surdimensionnées. Pourtant, chaque élément inutile alourdit le site, consomme des ressources et complique l’expérience utilisateur. Interroger les véritables attentes des métiers permet de recentrer les priorités sur ce qui apporte une réelle valeur ajoutée, tout en évitant les dérives de la sur-conception. En répondant aux besoins avec précision, on favorise la sobriété numérique et on bâtit des solutions à la fois efficaces, durables et adaptées à leur usage. Comme dirait César : "Mieux vaut un projet bien pensé qu’une ambition mal exécutée !".

Favorisez des designs simples, épurés, sans artifice

Un design sobre met en avant le contenu essentiel tout en facilitant la navigation. Il nécessite moins de scripts et de ressources graphiques tout en rendant les pages plus rapides à charger et plus légères. En supprimant les éléments décoratifs ou complexes inutiles, on réduit la charge cognitive et on améliore non seulement l'expérience utilisateur mais également l’accessibilité.

Éviter les carrousels infinis et les vidéos lancées automatiquement

Ces éléments interfèrent souvent avec l’expérience utilisateur en ajoutant des distractions ou des interactions non désirées. Les carrousels infinis peuvent frustrer, car ils imposent un défilement constant sans permettre une navigation contrôlée et claire. Les vidéos en lecture automatique, quant à elles, consomment des ressources inutilement et peuvent gêner des utilisatrices et utilisateurs dans des contextes où le son ou les contenus animés ne sont pas appropriés. Du point de vue de l’éco-conception, ils augmentent le poids des pages et la consommation d’énergie des appareils et serveurs, sans réelle valeur ajoutée.

Choisir un format adapté pour les images, les vidéos et les fichiers

Un site surchargé, c’est comme une pyramide mal conçue : cela finit par s’écrouler. Par exemple, en moyenne, une image .webp sera 30% plus légère qu'une image .jpeg ou qu'une image .png. Un autre exemple vécu dans un projet, il est possible de diviser par 8 le poids d'une page en changeant le format de sa police d'écriture.

Réduire les requêtes serveur

La réduction des requêtes serveur, c’est un peu comme éviter d’envoyer Obélix chercher un sanglier à chaque bouchée. Grâce à la mise en cache, les fichiers nécessaires (images, scripts, styles) sont stockés localement. Résultat : le serveur n’est pas sollicité à chaque visite, et la navigation devient plus fluide. En combinant cela à des scripts optimisés et minifiés, on réduit la charge du serveur, et on économise de l’énergie. Comme dirait Panoramix : "Une bonne optimisation vaut mieux qu’une potion magique."

Acte deux : l’accessibilité, une clé pour toutes et tous

  • Architecte, ce site est inutilisable pour les personnes en situation de handicap. Que dois-je faire ?
  • Mon cher ami, écoute, le RGAA (Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité) sera ton guide.

L’accessibilité numérique consiste à rendre possible l’accès à l’information et aux services numériques aux personnes en situation de handicap, quel que soit la nature du handicap et le support du contenu. 20% de la population française en est atteinte. Faire du numérique responsable, c’est œuvrer pour un numérique respectueux à la fois de la planète et des personnes, et encore plus dans un monde où la numérisation progresse à une vitesse fulgurante.

Le RGAA propose des critères précis pour concevoir des sites accessibles. Les référentiels sont des outils indispensables pour structurer et guider les actions. Ils offrent un écosystème de qualité déjà existant, prêt à être adapté aux spécificités de chaque organisation. "Pourquoi réinventer la potion magique quand elle est déjà là ?", dirait Panoramix. Grâce à eux, nous pouvons parler un langage commun, tel un architecte qui suit des plans clairs pour bâtir une pyramide solide.

Ils introduisent également des indicateurs clés de performance (KPI) essentiels : des métriques précises, des pourcentages de conformité, et des objectifs mesurables. Ces données permettent de valider des critères, de comparer les progrès dans le temps, et de visualiser les résultats concrets de la démarche. Grâce à ces outils, on optimise les stratégies en temps réel, on fixe des objectifs ambitieux mais réalistes, et surtout, on communique de manière transparente sur les avancées réalisées. "Ce n’est pas un petit chantier numérique, c’est une œuvre qui doit traverser les siècles ! Et ça, César, c’est le début de la gloire." En adoptant ces référentiels, chaque actrice ou acteur du numérique s’inscrit dans une dynamique collective, valorisant l’impact positif et mesurable de ses actions.

Acte trois : les outils, des potions magiques modernes

  • Scribe, puis-je utiliser des outils pour tester l'éco-conception et d'accessibilité de mon site web ?
  • Oui ce sont de bons alliés mais garde en tête qu'ils ne sont pas exhaustifs car la plupart des critères ne sont pas automatisables.

GreenIT Analysis et EcoIndex

Il s'agit d'une extension pour navigateur qui permet de quantifier les impacts environnementaux d'une page et qui vérifie également la mise en oeuvre de bonnes pratiques d'éco-conception.​ Il calcule une note dite "EcoIndex", autrement dit, un éco-score basé sur 3 axes : le poids de la page, la complexité du DOM et le nombre de requêtes.​

Lighthouse

C'est un outil open source automatisé permettant d'améliorer la performance, l’accessibilité numérique ainsi que les bonnes pratiques web, SEO et Progressive Web App. Il exécute une série de tests sur la page puis génère un rapport d’analyse.​

Les lecteurs d'écran comme NVDA

Utiliser des outils de synthèse vocale, aussi appelé lecteur d’écran, permet de lire le contenu d’un service numérique.​ Tester son site web avec un lecteur d'écran permet de savoir s'il est navigable facilement sans voir l’écran et si le déroulé des explications audios est pertinent pour chaque fonctionnalité.​

Axe Dev Tools et WAVE

Axe est un outil de tests qui créé un rapport des problèmes d’accessibilité rencontrés sur une page d'un site avec les recommandations pour les résoudre. WAVE est également un outil d'évaluation de l'accessibilité web qui fournit un retour visuel en injectant des indicateurs directement à l'intérieur de votre page.

Acte quatre : du matériel responsable pour bâtir un empire durable

Les efforts d’un site web doivent être complétés par un travail sur le matériel informatique. C’est là que peut intervenir une politique informatique responsable. Hardis Group a commencé par les leviers suivants :

Allonger la durée de vie des équipements

La durée de vie des PC est passée de trois à quatre ans avec comme objectif six ans dans les prochaines années. Les écrans et les batteries des smartphones sont réparés et notre matériel protégé. Cela implique moins de renouvellements, donc moins de fabrication et de déchet.

Favoriser le reconditionné

Le reconditionné consiste à remettre à neuf des équipements usagés en les réparant, testant et certifiant leur bon fonctionnement pour leur offrir une seconde vie. Par défaut, les renouvellements passent à présent par des appareils reconditionnés.

Travailler la fin de vie des équipements

Collaborer avec des partenaires comme AfB (entreprise adaptée) permet de reconditionner environ 60% des équipements en fin de vie et de recycler les autres en toute sécurité.

Acte cinq : vers les sommets du numérique responsable

  • Architecte, que se passera-t-il si nous continuons sur ce chemin de surconsommation numérique ?
  • Prenons un moment pour regarder vers demain et voir comment bâtir un numérique qui ne se contente pas de survivre, mais de faire le bien.

Raisonner nos usages : le choix du nécessaire

Dans notre société de surconsommation, où chaque clic, chaque requête, chaque outil numérique semble indispensable, il est temps de s’arrêter et de questionner nos besoins. Pourquoi lancer des campagnes publicitaires avec des vidéos ultra HD pour dire la même chose qu’un visuel léger ? C’est là qu’intervient le concept de slow tech ou technologie lente en français : privilégier des usages choisis et réduire volontairement nos impacts. Comme un druide qui n’utiliserait sa potion magique qu’en cas d’absolue nécessité, chaque actrice et acteur du numérique doit se poser cette question : "Ce projet, cette fonctionnalité, est-ce vraiment essentiel ?" Moins de gadgets inutiles, plus d’impact réfléchi.

Embarquer tout un écosystème : une quête collective

Le numérique responsable ne peut être l’affaire de quelques initiés. Pour que la sobriété devienne un réflexe, il faudrait mobiliser tout un écosystème : les équipes techniques, marketing, commerciales, les utilisatrices et utilisateurs finaux, etc. La clé, c'est d'accompagner le changement pour transformer de simples réflexions en un nouveau paradigme. Cette démarche doit devenir un réflexe quotidien : poser des questions, proposer des alternatives, et surtout, travailler ensemble. Car comme dirait Panoramix : "La potion est plus puissante quand elle est partagée."

Garder le sourire face à la montagne

Par Toutatis, il serait faux de dire que ce chemin est sans embûches. Cette responsabilité implique de faire face à nos propres contradictions : continuer à utiliser le numérique tout en comprenant ses conséquences environnementales et sociales et en réduisant ses impacts. Et avec ces défis, il est essentiel de garder le sourire, de célébrer chaque petite victoire, chaque site allégé, chaque matériel reconditionné. La vision ? Un numérique instinctivement responsable, porté par une volonté collective.

Un avenir plus durable pour le web est possible

Alors, noble lectrice ou lecteur, que retiendras-tu de cette épopée ? Nous avons de belles montagnes à gravir, et aussi des résultats concrets à savourer. Par petites actions ou grands projets, chaque effort compte. À nous de bâtir des pyramides numériques durables, accessibles et éthiques, un numérique digne des Gaulois et des pharaons : ambitieux et humble face à la planète. Voilà un avenir qui donne envie d'agir !

affiche du film Astérix et Obélix Mission Cléopâtre

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