Certification Opquast : qu’est‑ce que ça change ?
Je m’appelle Agnès, j’ai une dizaine d’années d’expérience dans le développement web, et cette année j’ai décidé de passer la certification Opquast Maîtrise de la qualité en projet web. Je m’y suis inscrite pour de mauvaises raisons, je l’ai potassée avec sérieux, puis je l’ai obtenue avec un joli score qui m’a hissée au grade d’experte.
En cette fin d’année, je prends mon plus beau clavier pour vous partager ce que j’ai appris lors de cette formation, dans l’espoir que cela donnera à certain·e·s d’entre vous l’envie de la passer l’année prochaine. J’ai vraiment l’impression qu’elle m’a donné des billes pour être une meilleure professionnelle et délivrer des sites de meilleure qualité. Sans parler de la certification qui fait joli sur un CV et ouvre certaines portes !
Avant de continuer, une déclaration de conflits d’intérêt : je n’ai aucun lien financier avec Opquast et je n’ai été payée par personne pour écrire cet article.
Qu’est-ce que c’est Opquast, et c’est quoi cette certification ?
Opquast, c’est une société, constituée de gens bien, qui fait vivre deux projets :
- un ensemble de 240 bonnes pratiques de conception web, élaborées par une communauté de professionnel·le·s du web, partagées sous licence CC-By-SA ;
- des formations à la qualité web, dont la formation certifiante Maîtrise de la qualité en projet web qui est celle dont je vous parle aujourd’hui, souvent raccourcie en Certification opquast.
Pourquoi passer la certification ?
Je me suis inscrite à la formation parce que ça m’énervait, encore en 2020, de voir des formulaires et des sites qui ne respectent pas les bases les plus simples de l’accessibilité (<label&ht;
reliées à leur <input>
, attributs alt
manquants sur des images de contenu…). Je cherchais une certaine légitimité pour râler sur mes collègues qui ne le faisaient pas, et à progresser techniquement sur les questions d’accessibilité.
J’ai été détrompée tout de suite : Opquast ne ferait pas de moi une spécialiste technique de l’accessibilité. Elle allait plutôt renforcer mes bases et élargir mes horizons. Pour résumer, cette formation a pour but :
- de vous donner un vocabulaire commun avec les autres professionnels,
- de vous apprendre à penser en premier lieu aux exigences des utilisateurs et utilisatrices de votre site, à toutes les étapes d’un projet.
Dit comme ça, je conçois que ça soit flou. Je vais ajouter des précisions dans les paragraphes suivants.
La qualité, ça va je sais ce que c’est… vraiment ?
Je crois que nous avons tous notre propre idée quant à la définition de la qualité d’un site. Réfléchissez à la vôtre. Qu’est-ce qu’un site de qualité ? Prenez quelques instants avant de continuer votre lecture, pour vous poser la question.
Souvent, quand je pose la question1, on me parle d’abord de qualité logicielle (« il est bien codé »), de performance (« il est rapide »), parfois d’esthétique (« il est beau »). Mais est-ce que c’est vraiment cela qui fait la qualité d’un site web ? Est-ce suffisant ? Est-ce nécessaire ? Le Bon Coin, par exemple, a été moche pendant bien longtemps et pourtant le chiffre d’affaires généré laisse penser que ce site est de suffisamment bonne qualité…
La première chose que m’a apprise la formation Opquast, c’est une définition utile de la qualité web. Pour cela, au lieu de partir du site, comme nous avons tendance à le faire puisque nous faisons des sites, ils partent de l’utilisateur. De l’utilisatrice. Ils parlent d’humains, là où nous parlions d’abord technique.
Un site de qualité, c’est un site qui répond aux besoins des utilisateurs. La voilà, la définition de base, celle dont découle tout le reste.
Cela peut sembler tout bête, mais c’était un grand changement de point de vue pour moi. On ne fait pas de la qualité pour le plaisir de faire de la qualité, même si c’est très gratifiant., on fait de la qualité pour améliorer l’expérience des utilisateurs et utilisatrices du site. C’est encore plus gratifiant.
Pour modéliser les exigences des utilisateur·ices, Opquast propose le modèle VPTCS qui signifie :
- Visibilité — les utilisateurs ont besoin de trouver votre site quand ils en ont besoin ;
- Perception — les utilisatrices ont besoin de comprendre comment utiliser votre site ;
- Technique — les utilisateurs ont besoin que votre site fonctionne correctement ;
- Contenus — les utilisatrices viennent pour cela sur votre site, tout ce qui précède doit les servir ;
- Services — ils font partie de l’expérience que vous proposez, même après la visite du site.
C’est un modèle, c’est partiel, mais celui-ci est efficace pour plusieurs raisons. La première, c’est qu’il permet de s’extraire de la seule technique et esthétique : c’est de ça que je parlais quand je disais « élargir mes horizons ». Il permet aussi de différencier l’UI (limitée aux étapes PTC) de l’UX (qui commence avant l’arrivée sur le site et se poursuit après).
Découvrir les 240 bonnes pratiques
Comme je l’ai écrit plus haut, Opquast propose, en plus des formations, un ensemble de 240 bonnes pratiques disponibles pour tout un chacun, que l’on peut suivre pour améliorer la qualité globale d’un site web. Il y a certaines bonnes pratiques très HTMLo-techniques, comme par exemple :
67 – Chaque champ de formulaire est associé dans le code source à une étiquette qui lui est propre.
Il y en a d’autres qui, à première vue, relèvent du pur point de détail :
Ces bonnes pratiques sont nombreuses. Ce sera indigeste si vous voulez les apprendre toutes d’un coup, ou les descendre toutes en mode « checklist » pour vérifier qu’elles s’appliquent ou non à votre site.
C’est là, à mon avis, que réside la valeur ajoutée de la formation : elle propose une découverte guidée des bonnes pratiques et elle vous les fait retenir de façon fort efficace3. D’abord, on vous explique leurs principes de rédaction, on vous aide à vous familiariser avec comment elles sont rédigées, quels sont les grands principes qui guident leur rédaction (universalité, utilité, réalisme…).
Ensuite, quelques QCM plus tard, on va plus loin et on vous fait comprendre pourquoi la communauté Opquast a proposé ces bonnes pratiques. Au bout de la formation, vous connaîtrez en gros la plupart des bonnes pratiques, mais surtout vous comprendrez pourquoi chacune d’elles est conçue. Et une fois que vous avez compris pourquoi, vous avez compris l’essentiel : le contexte utilisateur.
Penser contexte utilisateurs
Ces bonnes pratiques sont conçues de sorte à rendre votre site utilisable dans le plus grand nombre possible de contextes utilisateurs. Quand on parle accessibilité, on pense d’abord aux personnes sourdes ou aveugles, et il est primordial de ne pas laisser de côté ces utilisatrices et utilisateurs.
Mais il y a aussi :
- les personnes qui ne parlent pas votre langue et qui utiliseront la traduction automatique sur votre site ;
- les utilisateurs qui ne sont pas vraiment des personnes (genre les robots des moteurs de recherche) ;
- les jeunes parents qui n’ont qu’un seul bras disponible pour acheter les couches que vous vendez, et les grands-parents qui ont du mal avec la souris ;
- ceux qui s’ennuient dans le train avec une 3G fluctuante ;
- celles qui ne veulent pas réveiller leur chat (ou leur conjoint·e) endormi·e à côté d’eux ;
- ceux qui veulent vérifier quelque chose sur leur smartphone un jour de plein soleil ;
- celles qui gèrent leur compta au jour le jour, et celles qui téléchargent toutes leurs factures d’un coup le 29 décembre2…
Ils ont tous une raison différente de ne pas être dans des conditions idéales, mais ils ont tous besoin d’utiliser votre site dans de bonnes conditions. On est bien d’accord toutefois que c’est difficile voire impossible de penser à tous les contextes possibles dans lesquels on utilisera votre site. Mais ce qui est sympa avec les bonnes pratiques, c’est qu’on peut les vérifier méthodiquement et que, souvent, elles améliorent les choses dans tous les contextes.
Penser la gestion des risques
Il y a beaucoup de bonnes pratiques qui sont très simples et peu coûteuses à mettre en place, à condition qu’elles soient mises en place au bon moment. C’est beaucoup plus facile de penser le texte alternatif des images dès le développement du site, plutôt qu’après la mise en prod et un accablant audit SEO. C’est plus facile de prévoir les horaires du service client directement dans les maquettes : si c’est ajouté plus tard, on aura passé du temps à faire deux fois l’intégration du pied de page (sans l’information, puis avec). Plus technique, c’est aussi plus efficace de prévoir tout de suite une configuration serveur qui inclut le HSTS et la CSP plutôt que découvrir l’existence de ces termes plus tard par hasard.
Je trouve que l’application des bonnes pratiques, ce sont les 20 % d’effort qui évitent aux utilisatrices et utilisateurs 80 % des problèmes. Elles vous font aussi gagner 80 % du score dans les différents audits que vous pouvez imaginer pour vos sites (audit SEO, audit accessibilité… peut-être un peu moins pour la sécurité).
Pour autant, la certification ne vous oblige pas à jurer d’appliquer l’intégralité des bonnes pratiques sur vos sites. Vous pouvez décider d’ignorer telle ou telle bonne pratique en sachant pourquoi, en sachant que vous prenez des risques et en sachant lesquels. Cela fait une sacrée différence avec une situation où vous commettez des erreurs sans même vous en rendre compte, quelques semaines avant de constater que le chiffre d’affaires ne décolle pas et que le service clients souffre…
Bref, depuis que j’ai suivi la formation (parce que je n’aurais jamais lu les 240 bonnes pratiques sinon), j’ai une méthode qui me permet de ne plus faire de la qualité par hasard. Certes, c’est fatigant car maintenant je vois des problèmes partout quand je navigue sur le web. Mais quand je suis de l’autre côté, quand j’ai un site web sous ma responsabilité, je me sens beaucoup moins perdue et intimidée par l’ampleur de la tâche.
En conclusion
À titre personnel, je suis très satisfaite d’avoir passé la certification : la formation m’a donné une méthode et des connaissances pour améliorer les sites web qui me sont confiés. J’ai passé un bon moment à travailler la certification, j’ai souri en lisant le guide, je me suis laissée prendre au jeu du score des QCM. Pour parler plus terre-à-terre, le réseau de certifiés Opquast et la notoriété grandissante de la certification m’ont aussi ouvert les portes de quelques missions que je n’aurais pas décrochés autrement.
Je constate que la certification est de plus en plus proposée dans les écoles qui forment des spécialistes du web, techniciens ou non : c’est une bonne chose de commencer sa carrière en étant déjà sensibilisé·e à ces sujets d’UX. J’aime beaucoup partager ce que je sais, expliquer pourquoi ceci ou cela, mais j’aime aussi les projets qui avancent bien et les équipes qui se comprennent. À mon avis, diffuser largement cette formation ferait du bien à beaucoup d’équipes, et de là, à beaucoup d’internautes.4
- ↑ Pour être honnête, lorsque j’ai posé la question à des étudiants en cette fin d’année, je n’ai pas eu beaucoup de réponses. Alors j’ai posé la question inverse : qu’est-ce qu’un site web de mauvaise qualité ? Là, les réponses ont fusé, toutes plus méchantes les unes que les autres. C’était parfait, ils m’ont donné plein de matériau pour les faire réfléchir. Offrez à votre auditoire la possibilité de dire du mal de ce qu’ils n’aiment pas, c’est très efficace pour briser la glace !
- ↑ Je ne pratique pas personnellement, mais je sais que ça existe. #délation
- ↑ Elle propose aussi un guide au format PDF qui ajoute beaucoup de contexte et aide bien à comprendre pourquoi. Ce guide contient aussi une bonne dose d’humour.
- ↑ Il m’a fallu presque 2000 mots à écrire « utilisateurs et utilisatrices » et à copier-coller avec peine le point médian, que je ne sais pas taper au clavier, pour enfin penser à employer ce terme épicène. Pas merci, mon cerveau. 🧠
1 commentaires sur cet article
Sebjean, le 15 décembre 2020 à 13:30
Merci pour ce retour d'expérience Agnès ! Ça m'a motivé, je vais m'inscrire avant janvier. En plus, la formation est éligible au CPF (moncompteformation.gouv.fr), que demande le peuple !
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